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Technologies / Censurer une milice d’extrême droite, c’est oui. Protéger ses dirigeants, c’est oui aussi. A quoi joue Facebook ?

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Depuis plusieurs mois, on ne cesse de remettre en question la politique de modération de Facebook. Le réseau social serait volontairement très peu soucieux des idées extrémistes véhiculées sur sa plateforme, tant que ça lui permet de faire du profit. Dans ce contexte peu flatteur, une nouvelle polémique éclate.

Depuis des lustres, nombre d’organisations, d’experts et dirigeants dénoncent le laxisme de Facebook en matière de modération. Le réseau social serait rempli de désinformation et de contenus haineux (qui vont parfois de paire) et ne ferait rien (ou pas grand chose) pour y remédier.

Le mois dernier, une des ex-employées de l’entreprise, Frances Haugen, a démontré, preuves à l’appui, que Facebook était pourtant bien conscient de ses torts. Mais que, sciemment, il ne s’active pas. Car le profit compte plus que tout. C’est ainsi qu’on a par exemple appris qu’un important cartel de drogue avait quartier libre sur Facebook, et que des trafiquants d’être humains utilisaient Instagram (qui appartient à Meta, maison mère de Facebook, et donc à Mark Zuckerberg) pour faire fonctionner leur horrible business.

Facebook supprime…

Le média américain Business Insider rapporte qu’une nouvelle polémique est en train de voir le jour outre-Atlantique. Cette fois, on ne reproche pas à Facebook de censurer, mais bien de « trop » censurer.

Cette affaire a trait à la Garde civile du Nouveau-Mexique, un groupe de miliciens d’extrême-droite actif aux Etats-Unis. Un de ses dirigeants aurait notamment une croix gammée en guise de tatouage et serait un fervent négationniste de la Shoah.

En juin 2020, selon le Washington Post, ce groupuscule extrémiste a attaqué un autre groupe qui protestait contre la statue d’un conquistador espagnol à Albuquerque. Lors de ces violents affrontements, un des manifestants a même été blessé par balle, bien qu’il ne soit pas établi que le tireur soit lui-même membre de la Garde civile du Nouveau-Mexique.

Quoi qu’il en soit, Facebook, en août 2020, s’est lancé dans une opération visant à supprimer de sa plateforme les groupuscules extrémistes. La Garde civile du Nouveau-Mexique faisait partie des cibles: tous les comptes qui y étaient liés ont été supprimés.

…puis protège

Souhaitant enquêter sur cette Garde civile du Nouveau-Mexique, le procureur du comté de Bernalillo (Nouveau-Mexique), Raul Torrez, a déposé une requête en Californie, où Facebook est basé, demandant à un juge de forcer le réseau social à fournir des informations sur les comptes créés par la milice. Objectif: identifier les dirigeants du groupuscule d’extrême-droite.

« Facebook demande au Congrès et au peuple américain de lui faire confiance pour réguler les contenus extrémistes sur sa plateforme, mais refuse de fournir des informations de base sur un groupe extrémiste identifié qui a utilisé cette même plateforme pour recruter, organiser et diriger ses membres vers des activités illégales », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Si le ton du message est amère, c’est car Facebook a déjà refusé une première fois de livrer à la justice des informations sur cette milice. Le réseau social explique… qu’il ne dispose tout simplement plus de ces données, dans la mesure où tous les comptes ont été supprimés.

« Nous avons du mal à croire qu’une entreprise de plusieurs milliards de dollars puisse être dans une position où elle aurait supprimé ces informations et n’aurait aucun moyen de les récupérer », a signalé le procureur.

Si Facebook supprime effectivement toutes les informations sur les groupes extrémistes, alors cela « pose la question de savoir comment Facebook compte empêcher les membres de ce groupe extrémiste d’ouvrir de nouveaux comptes à l’avenir », a-t-il fait valoir.

Andy Stone, directeur de la communication chez Facebook, a répondu qu’à un moment donné, si la justice ne demande pas de les conserver, les informations étaient effacées. « Nous préservons les informations de compte en réponse à une demande des forces de l’ordre et nous les fournirons, conformément à la loi applicable et à nos conditions, lorsque nous recevrons un processus légal valide », a-t-il expliqué auprès du Washington Post. « Lorsque nous préservons des données, nous le faisons pour une période de temps, qui peut être prolongée à la demande des forces de l’ordre. »

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