Le cabinet de la ministre des armées, Florence Parly, a annoncé, mardi 9 mars, le lancement du tout premier exercice militaire français dans le domaine spatial. Une annonce qui se veut autant la preuve d’une montée en puissance opérationnelle qu’une démonstration de force vis-à-vis de l’extérieur, dans un contexte d’accélération de la compétition stratégique internationale, en particulier dans l’espace. Jusqu’à présent, la France avait seulement participé à ce type d’exercice en tant que pays invité, aux Etats-Unis, sous commandement américain.

Baptisé « Aster X » – un clin d’œil au premier satellite français lancé dans l’espace en 1965, dénommé « Astérix » –, cet exercice militaire français est virtuel. Il a débuté lundi 8 mars et doit durer jusqu’au vendredi 12 mars. L’entraînement réunit tous les services civils et militaires participant d’une manière ou d’une autre à la protection de l’espace pour le compte de la France et qui doivent, d’ici à 2025, pour une partie d’entre eux, être progressivement réunis dans un seul et même lieu, à Toulouse. Ce rapprochement doit débuter en septembre.

Le scénario de l’exercice simule une crise entre un Etat doté de capacités spatiales et un autre ayant un accord d’assistance militaire avec la France. Le tout dans un espace où circulent quelque 10 000 objets simulés et où vont se produire 18 « événements » de crise : de la pénétration « à risque » de débris dans l’atmosphère pouvant menacer la population et nécessitant éventuellement de la prévenir, à l’approche menaçante d’un satellite français par une puissance adverse pour capter ses données, le brouiller, ou le détruire.

Des scénarios dont les hypothèses de travail ne sont pas complètement éloignées de la réalité. En 2017, un satellite russe a, par exemple, tenté de s’approcher d’un satellite militaire franco-italien pour l’espionner. Alors que les grandes puissances tentent de limiter l’« arsenalisation » de l’espace, les Etats-Unis ont aussi accusé la Russie, en 2020, d’avoir testé une arme pouvant détruire un satellite depuis l’espace. L’Inde, la Russie et la Chine disposent par ailleurs de la capacité de détruire des satellites depuis le sol.

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Au total, une soixantaine de personnes basées à Toulouse, siège administratif du nouveau commandement militaire de l’espace (CDE), créé en 2019, participent à cet exercice. Sont également associés à cet entraînement des personnes issues d’entités qui devraient rejoindre, à terme, la Ville rose : notamment le Centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiaux, basé actuellement dans la région lyonnaise, ainsi que le Centre militaire d’observation par satellites, rattaché à la base de Creil (Oise).

Source : lemonde