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Santé / Burkina Faso : Le poulet devient rare à cause de la grippe aviaire et l’insécurité

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A Ouagadougou, les poulets deviennent rares dans les marchés et lieux de vente de volaille. Cette situation affecte plusieurs acteurs qui vivent de ce secteur. Pour mieux comprendre l’ampleur de cette rareté, nous sommes allés à la rencontre de quelques vendeurs et acheteurs de poulets.

Il est de plus en plus difficile de trouver de la volaille, particulièrement le poulet, dans les lieux de vente. Et pour cause, la grippe aviaire et la crise sécuritaire de plus en plus dégradante dans certaines zones auraient impacté négativement les approvisionnements des grandes villes comme Ouagadougou en volaille.

A la date du 14 janvier, par exemple, 500.000 (chiffres officiels) volailles avaient été tués par la grippe aviaire. Ces chiffres, loin de refléter la réalité, montre à souhait l’ampleur de la maladie de la grippe aviaire et son impact sur le cheptel.Libreinfo.net s’est rendu dans quelques lieux de vente de volailles dans la capitale.
nous nous sommes rendus à Nons-Yaar ou “marché de poulets” en mooré, situé au quartier Sinyiri dans l’arrondissement n°11 de Ouagadougou.

A l’entrée nord du marché, l’ambiance était assez calme. De loin, des vendeurs de volailles assis ou arrêtés devant leurs poulaillers. “Qu’est ce que je peux faire pour vous”, nous accueille un vendeur. A l’approche des poulaillers, construits en grillage avec une couverture de chaume sur la toiture, on pouvait apercevoir des poulaillers vides ou presque.

D’habitude, Rag Naaba de Yamtenga, vendeur de poulets depuis plus de 30 ans, pouvait stocker des centaines de têtes dans son poulailler, qu’il revendait avec des grossistes et des détaillants. Mais désormais, il n’en dispose qu’une dizaine de têtes de volaille.
Assis sur une chaise haute d’environ un mètre à l’entrée de son poulailler, il nous explique: « Bien avant cette situation de rareté, nous pouvions approvisionner nos poulaillers à plus de 400 poulets. Mais dans ces derniers temps, pour en avoir, c’est devenu compliqué », explique-t-il, ajoutant qu’il vient de rentrer de Korsimoro, région Centre-Nord (où il part s’approvisionner) avec seulement une quarantaine de poulets.

Pour notre interlocuteur, cette situation est due en grande partie à l’avènement de la maladie de grippe aviaire, mais aussi à la dégradation de la situation sécuritaire.« Les causes sont multiples. Dans un pays où il n’y a pas la sécurité, beaucoup de secteurs d’activité en souffrent. Par exemple, nous ne pouvons plus aller dans certaines localités pour acheter les poulets. En plus de cela, on note les effets de la grippe aviaire qui a ravagé beaucoup de foyers », ajoute Rag Naaba.

«Il y a quelques mois de cela, on pouvait avoir un coq à 3.000 FCFA pour revendre à environ 3.500 FCFA. Présentement nous les achetons autour de 3.500f à 4.000f pour revendre à peu près 5.000f », nous confie Rag Naaba.

Plusieurs zones d’approvisionnement affectées par l’insécurité
A quelques pas du poulailler de notre premier interlocuteur, nous nous présentons devant Adama Ouédraogo. Pour lui, plusieurs zones d’approvisionnement en volailles sont affectées par l’insécurité.« Nous partions à Pissila, Barsalogho, Yalgo, Dablo au Centre-Nord. Mais ce n’est plus possible d’y aller à cause de l’insécurité. Nous nous tournons maintenant vers Kombissiri, région du Centre-Sud » explique M. Ouédraogo. On l’aurait compris, la cherté est la suite logique de la rareté des volailles.

« Comme il n’y a pas assez de volailles, des fermes qui ont échappé à la grippe aviaire augmentent aussi les prix », soutient Gilbert, vendeur de poulets au marché de Nons Yaar. Nons Yaar, reconnu comme le marché par excellence de volaille, n’est pas le seul lieu de vente de volailles.

Après ce marché, nous mettons le cap au marché de bétail du quartier Patte d’Oie, le constat est le même. Peu de vendeurs disposent de poulets. Des poulaillers vides, des vendeurs assis sous des hangars. Mais, pour Idrissa Compaoré, porte-parole des vendeurs de volaille au marché de bétail de la Patte d’Oie, cette situation n’est pas surprenante. « Cette période qui coïncide avec certains événements sociaux comme les funérailles, a toujours été difficile pour le marché des volailles. Mais la grippe aviaire et l’aggravation de crise sécuritaire sont venues empirer la situation », a signifié M. Compaoré.

Maillon non négligeable dans la chaîne de la vente des volailles, des boucheries font également face aux conséquences de la flambée des prix de volaille. Nous nous sommes rendus au quartier Paglayiri à l’arrondissement n°6 de la capitale.

Au bord du goudron en face du marché Paglayiri, Moussa Ouédraogo vend des poulets “locaux”. Devant une table haute d’à peu près un mètre et demi et protégée par une vitre, il vient de tuer quatre (04) poulets qu’il entend plumer à l’aide de l’eau chaude, chauffée sur place. Au vu de ces quatre poulets égorgés et prêts à être plumés, nous avons pensé à la commande d’un client. Sur ce point, M. Ouédraogo explique qu’il les arrange pour les vendre aux clients. « Nous n’avons pas encore reçu de commande, mais nous espérons avoir des clients ».

Selon les propos de M. Ouédraogo, son chiffre d’affaires a connu une baisse ces derniers mois. « Avec la rareté des volailles et la flambée de leur prix, notre chiffre d’affaires a baissé. Parce qu’il y a quelques mois de cela, on pouvait vendre par jour plus de 40 poulets. Maintenant, on ne vend que 10 et un peu plus légèrement », a-t-il dit.

Aux dires de ce boucher, les approvisionnements en volaille se font désormais dans la région du Centre-Sud après que la situation sécuritaire dans les régions du Nord et du Sahel s’est dégradée.

Non loin de lui, Inoussa Sawadogo, lui, semble tirer son épingle du jeu. Pour lui, « Les prix ont augmenté et le marché devient de plus en plus lent. ». « Néanmoins, on arrive à faire écouler le peu de poulet qu’on a». Mais il arrive des moments où nous avons des commandes mais il manque de poulets pour livrer », a-t-il indiqué.

Alors que la production annuelle de têtes de volaille était estimée à 46 millions en 2021, le ministère de l’Agriculture, des Ressources Animales et Halieutiques a dénombré en 2022 plus de 35 millions de têtes de volaille avec une prévision de 3 millions de têtes supplémentaires.

Avec l’avènement de la grippe aviaire en fin d’année 2021, le gouvernement avait prévu un plan d’indemnisation à hauteur de 3,8 milliards de francs FCFA aux acteurs de la filière. Ce plan visait à soutenir les éleveurs qui ont enregistré des pertes liées à la maladie.

 

Source : aouaga

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