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5 suggestions pour garantir la pérennité des programmes d’alimentation scolaire

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Les programmes d’alimentation scolaire peuvent constituer de puissants filets de protection sociale : ils présentent de nombreux avantages en termes de nutrition et renforcent la sécurité alimentaire des élèves et des étudiants, tout en favorisant l’accès, la participation, la réussite et les performances, notamment dans les situations de crise ou de grande vulnérabilité.

Les programmes d’alimentation scolaire peuvent par ailleurs représenter une mesure efficace pour promouvoir l’équité et l’inclusion dans les régions les plus défavorisées d’un pays. Ils contribuent au renforcement de la production alimentaire locale en fournissant des marchés prévisibles et constants.

Malgré leurs multiples avantages, la mise en œuvre efficace et pérenne des programmes d’alimentation scolaire se heurte à des défis de taille en termes de viabilité financière et d’approvisionnement.

En effet, dans de nombreux pays, ces programmes restent fortement dépendants des financements extérieurs, limités dans le temps et déployés en quantité insuffisante. Par ailleurs, l’approvisionnement des repas scolaires ne provient souvent pas de la production locale.

Quels sont les principales caractéristiques d’un programme d’alimentation scolaire pérenne ?

Afin d’élaborer des politiques et des programmes d’alimentation scolaire pérennes, les axes suivants doivent être encouragés :

1. Un leadership politique puissant et une forte participation des acteurs locaux

Un fort leadership de la part des autorités politiques et une véritable appropriation des acteurs locaux sont essentiels pour assurer l’intégration de l’alimentation scolaire dans le système d’éducation d’un pays.

Concrètement, l’alimentation scolaire devrait faire partie intégrante de la politique publique nationale et, de ce fait, être soutenue par les acteurs du gouvernement central et local. Il devrait également associer de manière étroite les communautés locales, telles que les associations de parents d’élèves et les comités de gestion des écoles. Ces derniers devraient être accompagnés et bénéficier d’un renforcement de capacités si nécessaire pour contribuer à la mise en œuvre des programmes.

2. Adopter une approche multisectorielle

Un programme d’alimentation scolaire nécessite la mise en place d’une approche multisectorielle, impliquant la participation à part entière de multiples acteurs issus de secteurs tels que l’éducation, la santé, l’agriculture, les administrations locales, etc. Cet enjeu de transversalité requiert une coordination particulièrement étroite de la part des autorités publiques, allant de pair avec une volonté politique forte, si possible de la part des autorités au plus haut niveau.

3. Promouvoir l’agriculture et l’élevage au niveau local

Les programmes d’alimentation scolaire doivent être profondément ancrés dans le contexte économique et agricole local, et adaptés à celui-ci. Ils doivent associer les acteurs locaux et promouvoir la production agricole locale et les éleveurs locaux, permettant ainsi de fournir aux écoles des aliments frais produits localement.

L’agriculture locale doit bénéficier d’un soutien spécifique pour garantir un approvisionnement suffisant et stable au niveau de la qualité, de la quantité et du prix, garantissant ainsi un revenu équitable aux agriculteurs locaux. Une approche ancrée dans l’économie et l’agriculture locale permettra également d’identifier les mesures les plus adaptées d’un point de vue écologique.

4. Assurer une planification efficace…

La mise en œuvre d’un programme d’alimentation scolaire réussi nécessite en amont une phase approfondie de planification et d’estimation des coûts. Ceci implique une analyse contextuelle approfondie qui comprend les besoins nutritionnels des élèves, les obstacles à l’éducation, les possibilités d’implication des communautés locales, la production alimentaire locale et les modalités de mise en œuvre (la production et la transformation des aliments, la collecte et le stockage, les cantines scolaires, les potagers, le chèque-éducation, le transfert monétaire, etc.) Ces éléments devraient être entièrement intégrés dans le plan sectoriel de l’éducation du pays, en fournissant la vision ainsi que des directives opérationnelles qui régiront la mise en œuvre. La politique publique doit ensuite se traduire par des plans d’action pluriannuels et annuels à différents niveaux (régional, provincial et local). Le fait d’intégrer l’alimentation scolaire dans le plan de développement des écoles permettra de garantir l’implication des acteurs locaux.

5. … et des capacités réalistes en matière d’estimation des coûts et de gestion

Les plans de dépenses à moyen et long terme doivent prévoir une trajectoire de croissance raisonnable du financement national, qui soit proportionnelle à l’évolution du nombre d’élèves. Par ailleurs, la mise en œuvre d’un programme d’alimentation scolaire nécessite des capacités logistiques importantes au niveau local, qui est en première ligne pour la mise en œuvre quotidienne (mise en place de contrôles de qualité sanitaire réguliers ; l’existence de chaînes d’achat, de stockage et de livraison efficaces ; compétences en matière de gestion financière et d’audit).

Le cadre de dépenses et les plans d’action pluriannuels permettront de prendre des décisions étayées pour allouer les ressources aux régions et aux groupes les plus marginalisés, en s’appuyant sur une analyse portant sur la dynamique des inégalités (le sexe, le statut socio-économique de la famille, les zones urbaines/rurales, etc.). Le recours à des financements extérieurs peut s’avérer nécessaire si les ressources nationales ne peuvent pas assurer le financement du programme dans son intégralité.

Exemples de programmes d’alimentation scolaire au Sénégal et au Burkina Faso

L’Agence Française de Développement (AFD) finance plusieurs programmes d’alimentation scolaire en partenariat avec le GPE. L’un des meilleurs exemples se trouve au Sénégal.

En sa qualité d’agent partenaire du GPE dans ce pays, l’AFD soutient la mise en œuvre du protocole d’accord conclu entre le ministère de l’Éducation et le Programme alimentaire mondial (PAM). Le protocole d’accord a mis en place des cantines dans 637 écoles situées dans des zones rurales caractérisées par une forte insécurité alimentaire. Cela a permis à plus de 100 000 élèves vulnérables de retourner à l’école (2020-2022).

Cet exemple remplit plusieurs des conditions préalables pour les programmes d’alimentation scolaire durables mentionnées précédemment. Compte tenu du rôle important que joue l’alimentation scolaire dans le développement du capital humain, le gouvernement sénégalais a décidé de lancer un programme national de cantines scolaires qui cible les zones rurales et les centres périurbains défavorisés afin de garantir de meilleures conditions d’apprentissage et la réussite scolaire.

Le programme prévoit de mettre en place progressivement toutes les structures de gouvernance nécessaires, tant au niveau central que décentralisé, afin de garantir sa viabilité tout en favorisant son appropriation par les communautés. L’approvisionnement en nourriture est assuré par les producteurs locaux, ce qui a stimulé la production agricole et l’économie locales. Les transferts monétaires ont favorisé la création d’un réseau de revendeurs locaux.

Au Burkina Faso, les ministères de l’Éducation et de l’Agriculture lanceront cette année, avec le soutien financier de l’AFD et la supervision du PAM, un programme d’alimentation scolaire destiné à fournir une aide alimentaire à plus de 90 000 élèves dans des régions ciblées, toutes en proie à de multiples vulnérabilités simultanées.

Parmi les principes fondamentaux qui régiront sa mise en œuvre figurent l’implication étroite des autorités nationales (aux niveaux central et local) et des autres acteurs du secteur de l’éducation ; la promotion d’une production écologique et locale, ainsi que de l’utilisation de produits locaux ; le ciblage des élèves les plus vulnérables (notamment ceux touchés par la crise sécuritaire) et l’autonomisation des femmes tout au long de la chaîne de production et de distribution.

15 000 producteurs/transformateurs agricoles au sein des chaînes d’approvisionnement des cantines scolaires bénéficieront également d’un soutien direct, tout comme au moins 300 coopératives agricoles et leurs organisations faîtières.

Source : GPE

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