L’Agence foncière rurale (Afor) apporte une contribution importante à la modernisation de l’infrastructure géodésique du pays.
Dans l’état actuel des choses, des cartes ou des plans produits par deux géomètres peuvent ne pas coïncider et se superposer. Cette situation qui peut parfois générer des litiges fonciers est en passe d’être reléguée au passé. Parce que, dans le cadre du projet d’amélioration et de mise en œuvre de la politique foncière (Pamofor), l’Agence foncière rurale (Afor) a entrepris d’investir dans la modernisation de l’infrastructure géodésique du pays.
L’acte principal de cette modernisation qui « fait entrer la Côte d’Ivoire dans la modernité géodésique », comme l’a soutenu le directeur général de l’Afor lors d’une rencontre avec les techniciens, le 16 février, c’est la mise en place d’un réseau Cors de stations permanentes dans les régions de mise en œuvre du Projet d’amélioration et de mise en œuvre de la politique foncière (Pamofor). A savoir Abidjan, Abengourou, Adzopé, Dimbokro et Aboisso.
Le directeur général de l’Afor, Bamba Cheick Daniel. (Ph: Dr)
Ce sont ces « stations qui vont permettre aux opérateurs fonciers de pouvoir travailler en temps réel avec précision et avec un référentiel unique », explique l’ingénieur-géomètre, directeur général de la société Geomatos Côte d’Ivoire Solomey Elias.
Les cinq stations sont déjà installées. Tous les équipements, notamment les antennes qui seront connectées par internet au centre de calcul de haut niveau logé au sein du Bnetd sont prêts. Ce centre de calcul qui est doté de technologies de dernière génération est fonctionnel… « C’est ce dispositif très performant qui va fournir des coordonnées en temps réel aux opérateurs », indique l’ingénieur-géomètre, Solomey Elias.
La mise en service du réseau est prévue pour la première quinzaine du mois de mars. D’ici là, les différentes parties, à savoir l’Afor, le Bnetd qui supervise l’ensemble des tâches, et les opérateurs privés procèdent, depuis le lundi 21 février, à la validation des différentes infrastructures. Et elles sont nombreuses. Parce qu’en dehors des stations permanentes, l’Afor, grâce à son bailleur de fonds (la Banque mondiale), a financé la réhabilitation et l’observation de 180 bornes du réseau géodésique ivoirien dans les zones du Pamofor.
Des techniciens en plein montage d’une des cinq stations. (Ph: Dr)
Tous les travaux sont terminés. Il ne reste plus qu’à achever les calculs pour rendre définitives les coordonnées qui, convient-il de noter, sont la précieuse ressource qui sera à la disposition des géomètres et topographes dans leurs opérations de terrain.
Faut-il le noter, c’est en 2019 que l’Afor a financé l’étude de faisabilité de la mise en place de cette infrastructure moderne. Un contrat a alors été signé avec la société Fugro qui est une référence internationale en matière de géodésie.
Puis, successivement, des contrats ont été signés avec le Bnetd pour la réhabilitation et l’observation de 180 bornes en 2020 et avec le groupe Trimble-Geomatos Côte d’Ivoire-Geoconsult international en 2021 pour la mise en place du réseau Cors sous la supervision du Bnetd.
Des gains en productivité pour les opérateurs
En décidant de contribuer au bond qualitatif de la Côte d’Ivoire en matière de géodésie, l’Agence foncière rurale (Afor) vise à faire en sorte que le travail des opérateurs fonciers soit mieux fait. Que leurs levés, leurs plans, leurs travaux soient exécutés avec précision. Ce qui permet d’éviter les litiges fonciers.
Mais, on l’aura bien remarqué, cette œuvre va largement au-delà des seuls intérêts de l’Afor. Son directeur le fait remarquer d’ailleurs. « Il permettra aux géomètres et aux topographes de différents secteurs (Foncier, Btp, Mines) de réaliser leurs levés topographiques beaucoup plus facilement et rapidement qu’auparavant et de les rattacher aisément au nouveau système de référence Itrf 2014 (…) », explique-t-il.
Le centre de calcul. (Ph: Dr)
Apportant de l’eau au moulin du directeur général de l’Afor, le directeur général du Centre d’information géographique et du numérique au Bnetd, Balé Fernand, note que « tous les projets d’infrastructures qui sont en cours au niveau national (routes, ponts) se feront désormais dans un référentiel unique avec une précision très accrue. Ce qui permet d’éviter les chevauchements des données des plans jusqu’au domaine foncier ».
Pour ce technicien du Bnetd, en quittant le réseau traditionnel pour le réseau Cors qui est la géodésie spatiale, la Côte d’Ivoire se conforme plus que jamais aux normes internationales. Les gagnants dans l’affaire sont, entre autres, les opérateurs.
Un équipement installé sur la station d’Aboisso. (Ph: Dr)
Le directeur du Centre d’information géographique et du numérique, Balé Fernand et le directeur général de Geomatos, Solomey Elias, soutiennent que dans le domaine foncier, les chefs d’entreprise gagneront en productivité. Puisque le réseau leur permet d’accélérer la production de plans et autres.
Toujours concernant le gain en productivité, Solomey Elias fait remarquer que les opérateurs travaillent jusqu’à maintenant avec deux récepteurs. Alors qu’avec le nouveau système qui marche avec des stations permanentes, ils peuvent accéder très rapidement à des données de correction. Et ils peuvent dupliquer leurs équipements tout en restant dans un référentiel unique.