Tribune. Quarante ans après les découvertes des premiers cas de VIH/sida, alors même qu’aujourd’hui une personne séropositive sous traitement ne transmet plus la maladie, les discriminations envers les personnes vivant avec le VIH existent toujours.

Les chiffres de l’enquête CSA Research commandée par le centre régional d’information et de prévention du sida (Crips) Ile-de-France sont hélas révélateurs. Ainsi, 63 % des personnes interrogées considèrent que la séropositivité constitue un critère important pour se lancer ou non dans une relation sentimentale. Pour les trois quarts, c’est la peur de la contamination qui crée ce malaise. Par ailleurs, 36 % des parents interrogés seraient mal à l’aise si la personne qui garde leur enfant était séropositive. Et 27 % le seraient si l’enseignant de leur enfant vivait avec le VIH.

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Et pourtant, 80 % se disent bien informés par rapport au VIH/sida, ce qui démontre que des aspects importants de l’information sur le VIH ne sont pas connus ni compris.

Avons-nous mis en place au niveau national une information à la hauteur des enjeux ?

Prévue dans la loi du 4 juillet 2001, l’éducation à la sexualité constitue une base sur laquelle peut se construire une politique d’information efficace sur le VIH/sida. Elle consiste en l’obligation d’organiser au moins trois séances annuelles d’information et d’éducation à la sexualité, à chaque niveau d’enseignement dans le premier et le second degré.

Estime de soi et respect de l’autre

Ces séances ne se limitent pas à une information descendante sur des pathologies, mais elles permettent d’aborder et surtout d’échanger beaucoup plus largement autour des questions d’estime de soi, de respect de l’autre, d’acceptation des différences, de compréhension et du respect de la loi, de responsabilité individuelle et collective, etc. Ces séances ont cela d’essentiel qu’elles donnent l’occasion aux jeunes d’être outillés pour se construire. Et pourtant…

Si la loi est ambitieuse, son application reste très parcellaire. Une enquête du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes révélait que, durant l’année 2014-2015, 25 % des écoles, 4 % des collèges, et 11,3 % des lycées n’avaient mis en place… aucune séance ! Et très peu d’établissements en organisent un nombre suffisant.

Cela fait plus de trente ans que le conseil régional d’Ile-de-France a missionné le Crips Ile-de-France pour faire de la prévention au sein des lycées et des centres de formation des apprentis. Plus de 100 000 jeunes sont touchés chaque année par ses actions. Ces séances doivent être respectées sur tout le territoire, afin que chaque jeune finisse son cursus scolaire avec un bagage suffisant sur les questions de santé, de prévention et de lutte contre les discriminations.

Source : lemonde