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France / Logement : les étudiants, principales cibles des escrocs sur Internet

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Avec le retour des cours en présentiel, les étudiants réinvestissent les villes et sont à la recherche effrénée d’un logement. Les escrocs entendent en profiter.

Marie*, étudiante en année de césure à Science Po Paris, se désespère de trouver un logement dans la capitale. Elle pensait pourtant bien avoir trouvé le Graal. Un bel appartement du 17e arrondissement, 30m2. Le tout pour 750 euros par mois. «L’annonce ne paraissait pas frauduleuse, se souvient la jeune femme de 22 ans, jointe par téléphone. Alors j’ai envoyé mes pièces d’identité par mail au propriétaire.» Et puis, pas de réponse. À l’occasion d’une recherche sur Internet, Marie tombe des nues: les photos de l’annonce se révèlent être celle d’un appartement du 7e arrondissement, mis en location sur un autre site. «Je me suis sentie stupide», se souvient-elle. Mais, puisque elle commence un travail dans un mois, l’étudiante n’a pas le temps de s’attarder sur cette mésaventure.

Fin août début septembre, alors que le marché de la location longue durée observe une importante augmentation du volume d’annonces, 188 000 étudiants seraient toujours à la recherche d’un logement, selon le site Immojeune. Les étudiants, en raison de l’urgence qu’ils ont à trouver un logement, sont des cibles vulnérables et les escrocs entendent bien en profiter. En un an, les signalements de fausses annonces de location ont bondi de 17% sur Pharos, la plateforme officielle de signalement des contenus illicites sur internet, rapportait Le Parisien.

Une pièce d’identité et 950 euros par Western Union

C’est ce qu’observe David, 22 ans. L’étudiant parisien a commencé lundi 6 septembre son Master 1 sur le campus lillois de l’Iéseg. Son lit: le canapé d’un ami. S’il avoue avoir «cherché un peu tard», cet habitué des logements étudiants remarque «qu’il y a quand même beaucoup plus d’arnaques que d’habitude». Une fois sur deux, David a dû couper court aux échanges avec des propriétaires. La raison: il conversait avec des escrocs qui lui demandaient d’un ton menaçant de joindre par mail «une pièce d’identité, les trois derniers bulletins de salaire (…), un dépôt de garantie par Mandat Western Union de 950 euros», assortis d’un mode d’emploi pour la transaction financière.

«Il ne faut jamais envoyer d’argent avant d’avoir visité un logement ou signé un bail», alerte la directrice générale de PAP.fr Laetitia Caron. Sur sa plateforme de mise en relation entre particuliers, les étudiants représentent 39% des recherches de locations en septembre contre 30% en juin. Dans le même temps, le taux de rejet d’annonces atteint 20% cette année, contre 9% en juin 2019. Sur le site, chaque annonce est vérifiée par un humain.

«Les annonces frauduleuses ont presque toutes la même mécanique, poursuit Laetitia Caron. Que ce soit dans la rédaction, les photographies, la construction de l’annonce.» Léandre, Havrais de 22 ans qui entrera en M1 Gestion à la Sorbonne nouvelle dans quinze jours, confirme. «Les numéros sont des 09 qui renvoient vers des plateformes de télémarkéting. D’autres demandent de payer pour avoir des photos, réserver des visites ou rembourser des frais kilométriques.» Il ne s’est jamais fait avoir.

En résumé, soit les escrocs demandent en amont les pièces d’un dossier classique afin d’usurper l’identité de l’étudiant, soit ils demandent de l’argent arguant en avoir besoin pour bloquer le logement. «Il ne faut jamais envoyer un dossier par mail en amont d’une visite. Éventuellement après. Éventuellement», insiste Laetitia Caron.

Du studio au taudis

C’est la déconvenue qui est arrivée à Cédric*, étudiant en première année de master informatique à Villeneuve-d’Ascq de 22 ans. Une véritable montagne russe. Comme toujours dans les annonces factices, «l’annonce avait l’air sympa, l’appartement propre, normal», se rappelle-t-il. Il part donc visiter le studio avec ses parents. Il se révèle être un taudis. «C’était sale, le sol était poussiéreux, le faux plafond troué et la tapisserie déchirée», décrit-il. Heureusement, la propriétaire lui promet qu’il occupera le studio d’à côté, similaire et flambant neuf. Marché conclu.

«Quand j’ai emménagé, je me suis retrouvé dans la première chambre. Ce n’était pas du tout ce qu’on m’avait promis. Elle a justifié ça en me disant que l’autre avait été louée entre-temps», raconte Cédric, désabusé. La désillusion ne s’arrête pas là. L’étudiant a interdiction de meubler le studio, d’orner les murs ou encore d’y installer des appareils électroménagers. «C’est comme ça», lui a t-on répondu. Le réfrigérateur, pourtant mentionné dans les équipements ne peut contenir «à peine plus qu’une bouteille d’eau et quelques mets.» En attendant de trouver mieux, il prend son mal en patience. Mais les conséquences sur le moral des jeunes se font sentir et cette pression s’ajoute à celle de la reprise des cours.

Il reste encore des places au Crous

«C’est décourageant, j’ai l’impression de chercher dans le vide», se lamente David, qui ne prend plus la peine de signaler les fausses annonces. «J’ai déjà perdu assez de temps», conclut-il. «Ça m’ennuie beaucoup», avoue Cédric. Marie, elle, s’avoue découragée par ses échanges de mail truffés de fautes d’orthographe et les groupes Facebook où pullulent arnaques, fausses coordonnées et propriétaires factices – souvent les mêmes. «Épuisée», ajoute-t-elle. Sans toit fin septembre, elle pourra compter sur l’aide d’amis ou de sa famille. «Pour plus de sérénité, il y a aussi les locations de courte durée le temps de chercher un logement», conseille Lætitia Caron. Pour ceux qui peuvent en bénéficier, il reste des logements disponibles dans les Crous. Si 88% du parc est occupé, des désistements sont toujours possibles, informe le Centre national des œuvres universitaires et scolaires (Cnous).

*Les prénoms ont été modifiés.

Source : etudiant.lefigaro

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