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France / La Réunion, un «laboratoire» pour la rentrée scolaire de la métropole ?

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Depuis la reprise des cours le 17 août dernier, les fermetures partielles d’établissements réunionnais sont nombreuses, alors que la circulation du virus augmente sur l’île.

Si l’île a été jusqu’à présent peu touchée par l’épidémie, le nombre de cas de Covid-19 se multiplie. «Pour la première fois, La Réunion connaît une réelle circulation virale», a déploré, vendredi 21 août, le préfet Jacques Billant. Mardi 25 août, 48 personnes infectées ont été enregistrées en seulement 24 heures. L’Agence Régionale de Santé de la Réunion (ARS) note toutefois que la plupart ne sont pas des cas «importés» de métropole, mais plutôt des «cas autochtones». Malgré cette recrudescence, le rectorat de La Réunion assure que le but est d’éviter à tout prix la fermeture des établissements scolaires.

22 établissements touchés, des centaines d’élèves confinés

Le 17 août a été une rentrée «un peu particulière» pour les élèves Réunionnais. Et de fait : certaines écoles de la commune de Saint-Denis ont fermé leurs portes le jour même de la rentrée. Aussitôt rentrés, aussitôt confinés, les élèves et leurs parents ont du mal à comprendre la situation. «Il y a des incohérences et une grande incompréhension par rapport à l’application du protocole», s’insurge le responsable de la Fédération des Parents d’Élèves (FCPE) de La Réunion Damien Amouny. Les parents d’élèves s’interrogent : comment expliquer que la préfecture de La Réunion interdise les rassemblements de plus de 10 personnes sur toute l’île alors que 35 élèves peuvent se retrouver dans un lieu clos ? «C’est une période étrange : la quasi-totalité des écoles ont rouvert, en décalé de la rentrée, alors qu’aujourd’hui on a découvert 5 cas dans une école du port, qui a fermé», note Hortense*, dont le fils rentre en maternelle.

 

Aujourd’hui, nous avons renvoyé à domicile 4 classes, soit 136 élèves, car il y avait un enseignant testé positif

Actuellement, selon la Fédération des Parents d’Élèves de La Réunion, environ «1000 enfants [contaminés et «cas contacts»] et une vingtaine d’enseignants sont confinés». Au total, c’est 22 établissements scolaires qui sont touchés, dont 5 écoles élémentaires, 6 collèges et 11 lycées, dans 13 communes (sur 24). Gilles Frémenteau, proviseur au lycée Mémona Hintermann-Affejee à Saint-Denis, fait partie de ces établissements frappés par le Covid. «La semaine dernière, une élève a été identifiée Covid. Toute la classe a été confinée, ainsi que les 4 enseignants qui ont été en contact avec la classe. Et aujourd’hui, nous avons renvoyé à domicile 4 classes, soit 136 élèves, car il y avait un enseignant testé positif. Actuellement, 160 élèves de l’établissement sont maintenus à domicile et 7 enseignants et accompagnants», confie-t-il au Figaro. La situation est encore plus préoccupante à Saint-Denis, où la rentrée de 14 écoles sur 24 a été reportée, soit 60% des établissements. Force est de constater que deux semaines à peine après la rentrée, les annonces de fermeture partielle ou totale d’établissements scolaires se succèdent : «On constate une recrudescence de cas de Covid chez les jeunes à La Réunion», confirme Gilles Frémenteau.

Fermetures par classes

Pourtant, «les mesures sont beaucoup plus drastiques ici qu’à la métropole» assure un parent d’élève. «Nous sommes sur une île, donc nous sommes beaucoup plus prudents et prévoyants, nous n’avons pas les mêmes moyens qu’en métropole», ajoute-t-il. Se basant sur le protocole du mois de juillet, qui ne comprend pas l’obligation du port du masque pour les enseignants, La Réunion a mis un point d’honneur à ne pas fermer entièrement les établissements. «Actuellement, nous gérons les situations de Covid-19 de manière très ciblée : on ne ferme pas un établissement si un cas de Covid est avéré, ce sont seulement les élèves de la classe en question qui sont maintenus à domicile», nous apprend la rectrice de l’académie de La Réunion, Chantal Manès-Bonnisseau.

On a le sentiment que La Réunion sert de laboratoire pour la métropole

Pour certains parents, il semble toutefois «incohérent» de fermer des classes de manière ciblée et non l’établissement en entier. Hélène*, dont la fille est inscrite dans une école élémentaire de Saint-Denis, avoue ne pas comprendre ces fermetures locales. Les enfants, 200 dans l’école de sa fille, se côtoient constamment : «Il n’y a aucune distanciation physique ni durant la récréation, ni durant les cours de sport». Même son de cloche du côté de Frédéric*, dont le fils est en première : «Il y a eu un cas dans sa classe, alors on a renvoyé les élèves chez eux, mais pas ceux de seconde et de terminale. Or, ce n’est pas parce qu’on est en première qu’on ne côtoie pas les élèves de seconde et de terminale !», s’alarme-t-il. Hortense a, elle, longtemps hésité à mettre son fils de 3 ans en maternelle, «mais on ne peut pas tout arrêter et mettre en stand-by», explique-t-elle. «En ce moment surtout, il y a plein de cas de suspicions dans sa classe. Mais on s’y attendait, c’était presque prévu, le contraire nous aurait étonnés», sourit-elle. «Les classes peuvent fermer du jour au lendemain», acquiesce son mari.

«On a l’impression que nos enfants sont les sacrifiés de cette crise»

Malgré les efforts de certains directeurs d’établissement pour informer les parents d’élèves, certains reconnaissent ne toujours pas comprendre les conditions du retour en classe. «Il y a 5% d’absentéisme au sein des écoles de La Réunion – les parents ne mettent pas leur enfant à l’école parce qu’ils ont peur !», s’exclame Damien Amouny de la FCPE. «On a l’impression qu’il n’y a pas de réelle communication», ajoute-t-il, expliquant que les Réunionnais ont «le sentiment que La Réunion sert de laboratoire pour la métropole, qu’on sert de test». «On est des cobayes. On a l’impression que nos enfants sont un peu les sacrifiés de cette crise», assène-t-il.

En écho à ces angoisses, la voix du rectorat tente tant bien que mal de s’imposer : «Nous passons beaucoup de temps à rassurer les parents. Les enfants sont en sécurité à l’école : c’est un périmètre au sein duquel on fait attention à ce que les gestes barrières et mesures soient respectés. En allant à l’école, les enfants comprennent mieux la crise et portent ce message à la maison. Ils deviennent des ambassadeurs de bonne conduite».

Source : lefigaro.fr

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